avoir 20 ans au Caire

Friday, December 30, 2005

départ ce soir par le bus pour Nuweiba, sur la mer rouge, 8 heures. puis le ferry jusqu'à Aqaba, 3 heures, et puis le bus pour Amman, encore 4 heures.
je fêterai la nouvelle année dans la capitale jordanienne in chah allah.
ensuite nous essairons de rentrer en Syrie, avec le in chah allah de circonstance, l'affaire ne semble tout de même pas gagnée. pour une fille de Schengen, toutes ces frontières hermétiques les unes au autres me semblent tellement étranges. tous ces visas qu'il faut ou ne pas avoir sur son passeport pour espèrer avoir la chance de rentrer dans le pays voisin me rappellent les leçons d'histoire sur la guerre froide.

retour donc dans quinze jours, avec des articles et des photos, et aussi de belles résolutions pour la nouvelle année qui commence.

Monday, December 26, 2005

NÖEL AU CAIRE - NOËL DU COEUR




Rien au Caire ne pouvait augurer de ce Noël exceptionnel :
un tuya dans un pot de terre en guise de sapin, des boules dorées improbables, des bougies vendues dans une seule et rare boutique, une dinde (trouvaille de dernière minute, merci Gabriel !), du foie gras et du champagne ramenés de France ...
Fête de l'amitié partagée avec des amis de Najla dans son "loft avec vue sur le Nil "..., de la joie et des émotions pour tous ceux réunis le temps de cette soirée de Noël ...

Douce Nuit, Sainte Nuit, chantée, priée à l'Eglise grecque orthodoxe Sainte Marie de la Paix ... ( 3 heures tout de même ...puisque visiblement notre zèle de paroissiens fidèles n'a pas sacrifié aux matines préliminaires ...), donc à soirée exceptionnelle, coucher exceptionnel pour une veillée de Noël : 5 heures du matin, merci Mathieu d'avoir ajouté à ces instant Violetta et Alfredo ...La Traviata retentissait à West el Balad ce 25 décembre , pour mon plus grand bonheur...

Matin de Noël : 2 petites heures de sommeil avant de nous rendre à la gare Ramsès pour partir , telles d'élégantes cairotes, en week end à Alexandrie ...
Départ du train , 9 H, je pense que dès 9h05, nous étions déjà dans les bras de Morphée ...j'ai pu d'un oeil, cependant, admirer la campagne très verte, caractéristique du delta du Nil ...
Arrivée 2 h plus tard à Alexandrie, la mer , les bateaux, le bon air pur, ... Union Hôtel très sympathique, fous rires avec les filles dans notre chambrette, (le guide du Routard indiquait un hôtel "top moumoute", j'en ai déduit que c'était sûrement grâce aux magnifiques dessus de lit en peluche marron ...), visite du musée national, du fort - construit à l'emplacement du Phare - promenade le long du remblais (avec ses rats à la tombée de la nuit ...), trouvailles dans la "rue des femmes" - "zan' et es settat"- colifichets, bijoux, perles, mercerie, maquillage chic et pas cher, le bonheur est dans le souk, dîner inoubliable à Fish Market - super restau au bord de la mer avec maître d'hôtel, nappes blanches, luxe, calme et volupté pour 20 EUROS à 4 ...-, chicha et thé à la menthe au Grand Café - THE endroit branché d'Alex, sur fond de Radio Nostalgie version égyptienne - Michel Sardou, Hugues Auffray, Joe Dassin et Clo Clo , Alexandrie/Alexandra , tout de même, retour en calèche à l'hôtel ... Merci Jean François, super GO attentif et efficace - vraiment "trop" mignons, tous ces petits gars chers au coeur de Najla ...

Retour à "la maison" au Caire... dernière bouteille de champagne partagée pour sceller la fin de ce Noël exceptionnel,
boucler les valises pour notre retour en France ...
retrouver le quotidien, qui ne peut et ne doit être morose après ces moments rares et précieux...

Il faut toujours revenir pour pouvoir repartir ....

Je rentre donc, avec l'espoir, la volonté de beaux et nouveaux projets !

Merci ma belle Najla pour toutes ces grandes joies et ces petits bonheurs ... merci d'être toi, pétillante, joyeuse, curieuse, positive, merci , merci !!!


Sunday, December 25, 2005

5 heures du matin, la première prière de la journée retentit du haut du minaret de la mosquée en bas de chez moi...et pourtant, c'est noël.
notre soirée a été à l'image de cette année: hors du commun et exceptionnel.
une messe grec-orthodoxe de rite byzantin, un dinde au bord du nil, la chaleur des amis.

je vous souhaite à tous de très belles fêtes de noël, et de beaux moments à passer avec les proches.

nous partons pour Alexandrie dans deux heures, voir la mer et sentir un peu d'air marin.

malgré la distance qui nous sépare, chacun de vous tient une place tout particulière en ces moments précieux.

Thursday, December 22, 2005

LE CAIRE LA SENSUELLE




Voilà 5 jours que nous avons retrouvé notre Najla au Caire, Sarah sa soeur et Brigitte sa Mam ...
Impressionnées de voir comment notre Najla s'est appropriée cette ville si particulière, impressionnées, pas autant que les chauffeurs de taxi !, par sa parfaite aisance linguistique, impressionnées par son bonheur évident de vivre ici ...

Mes impressions immédiates sont celles d'une ville très entière, très dense ...où les 5 sens sont exacerbés, celles d'une ville très sensuelle ... :
- l'ouïe :
les premières images sont sonores, appel à la prière du muezzin 5 fois par jour, klaxons intempestifs des taxis - klaxons se substituant invariablement à la pédale d'accélérateur,
interpellations des vendeurs de rue pour kleenex, verres de thé, crédits temps sur téléphone portable, cigarettes, brosses à dents , montres, pains ...
- l'odorat :
le nez est toujours sollicité , dans le souk - marchands de parfums aux lotus, hibiscus et autres jasmins envoûtants, marchands d'épices, - dans la rue, senteurs lancinantes de cardamone devant les cafés, odeurs fortes du tabac des chichas, cuisson des pains , ajoutons cependant les odeurs moins agréables des détritus qui s'amoncellent ici et là ...
- la vue :
les couleurs fortes et intenses des étals de fruits et légumes, de babouches, de cuirs, la couleur plus édulcorée du halo gris qui flotte chaque matin sur Le Caire, les jupes des derviches tourneurs telles des kaléidoscopes ...
les yeux collés sur le flot de voitures qui ignorent les piétons ... sprint et battement de coeur à chaque passage de l'autre côté du trottoir, même si l'egyptien dit que pour traverser "tu fermes les yeux et tu fais une prière"... ,
les contrastes entre les lieux historiques - belles mosquées intactes , pyramides, et les images d'une très grande pauvreté
et les yeux des autres ... surtout ceux des hommes qui harcèlent avec regard et mots ces étrangères ...
-le goût :
saveurs orientales , épicées , parfumées , riches : fatta, kochari, (2 plats traditionnels à base de féculents - l'association pâtes-pois chiches-lentilles-riz-pain n'effraie pas l'Egyptien, délicieux thé, karkadé (tisane d'hibiscus), sahlab (lait chaud épais , parfumé et agrémenté de raisins, pistaches, noix), pâtisseries brillantes de sucre,
les tentatives de cuisine occidentale ont toujours cette Egyptian touch ...sauf peut-être les pizzas de chez Thomas !...
-le toucher :
la douceur des poufs en cuir de gazelle, la finesse du coton d'Egypte, la poussière récurrente de tout ce que nos doigts effleurent, la main du guide obséquieux des Pyramides pour grimper un caillou "difficile",

Le Caire la sensuelle ... belle découverte ,
merci habibi Najla

mais les sens ne peuvent être exacerbés sans le coeur, et notre coeur bat pour toi, pour tous ceux que nous aimons

JOYEUX NOEL A TOUS

Thursday, December 15, 2005

cartes en tout genre

les cairotes ont le goût de la collection. les embouteillages, les interminables files d'attente, les petites voitures qui vendent des sandwichs, les vendeurs de minutes de portables ambulants, les journaux, les chichas, chaque petit détail de la vie quotienne est multiplié, conjugué, à tous les temps et à tous les modes. une de leur passion est sans conteste la distribution de cartes. ni les cartes à jouer, on joue au tric-trac, ni les cartes de la ville, les rues n'ont pas de nom dans le bazar de la ville. mais celles qui remportent le plus de succès sont les cartes de visites. cela me rappelle la cour de récréation, à l'école, quand on s'échangeait des cartes contre d'autres, ou parfois contre des billes. du chaffeur de taxi, en passant par l'épicier, ou tout simplement par l'étudiant de l'AUC, tous en gardent de nombreux exemplaires, bien rangés dans leurs portefeuilles et chaque occasion est prétexte à la distribution de l'une d'entre elles. un petit problème, seule la carte d'identité ne semble pas avoir autant de valeur...

pause

après un manque d'assiduité, je reprends le clavier.
trois mois se sont écoulés ici, le temps de la découverte semble avoir pris le large et les belles couleurs du début s'être fanées.
sûrement j'aimerai trop vite me déshabiller de ce costume d'expatriée, cette armure trop lourde, qui parfois me pèse, représente toujours un obstacle au dialogue.
même si les difficultés sont là, elles ne doivent pas salir mes beaux idéaux, tuer mes rêves et obscurcir les douces couleurs des tableaux que j'ai la chance de voir au quotidien.

je reprends donc le clavier, pour continuer à conjuguer mes passions avec la réalité, malgré les difficultés que je ne peux ignorer.

Monday, December 12, 2005

Beyrouth, 9 heures. dans la banlieue chrétienne Mkalles, une voiture rouge a explosé, et a pris feu. à proximité, un journaliste, Gebrane Tuéni, rédacteur en chef du Nahar, quotidien national laissant une tribune à des journalistes éclairés. la cible a été atteinte et le journaliste a directement été tué par la violence de l explosion et des flammes. connu pour ses positions fermes contre le régime syrien, les armes auront une fois de plus vaincu les mots.

je me demande simplement quand le liban arretera-t-il de faire disparaitre ces hommes qui travaillent pour l'avenir libanais et arabe.

Saturday, December 10, 2005

soirée orientale ter


Friday, December 09, 2005

soirée orientale bis



soirée orientale




quelques photos d'hier soir, une soirée surprise pour l anniversaire de kathy, soirée déguisée

Saturday, December 03, 2005

le festival international du film du caire a été ouvert le 29 novembre. pendant près de 10 jours, les salles de cinéma accueillent des films français, hollandais, chinois, iraquiens, libanais, egyptiens, et autres. les affiches sont sur tous les réverbères, et les programmes ne se distribuent que dans les lieux fréquentés pas les élites culturelles.
pour inaugurer mon festival, j'ai bien sûr choisi un film libanais, à l'ombre de la ville, zill el madine. le film était joué cet après-midi dans un cinéma de quartier. au moment où je suis montée dans le taxi, annonçant la destination, je ne me doutais pas encore de l'expérience qui m'attendait. j'aurai pu pourtant, être interpellée par l'insistance du chauffeur lorsqu'il m'a demandée si je connaissais le lieu, si j' étais une "femme du festival", si j'étais venue au caire spécialement pour l'évènement. en effet, il s'est avéré, qu'une fois de plus, j'étais une étrangère, complètement seule, perdue dans une foule qui me dévisage, d'être comme la première partie du spectacle.

les portes du cinéma ne sont pas ouvertes, j'attends parmi une population exclusivement masculine quand je sens une petite tape dans mon dos. deux filles voilées me demandent ce que je fais là. devant un cinéma, dans une file-foule d'attente, la réponse me semble claire.
au moment où les portes s'ouvrent, les hommes se bousculent, de peur que la séance ne commence sans eux, ou tout simplement pour le plaisir de rentrer avant son voisin. là, les hommes essaient de me faire passer, je ne suis ni une femme enceinte, ni une handicapée, mais je mérite les mêmes intentions, comme si j'étais plus faible. le même genre d'attention que celles que j'avais vécue dans le wagon pour femmes du métro, ce même sentiment d'être non seulement différente mais aussi moins forte.
dix hommes essaient ensuite de m'indiquer la salle, j'arrive dans le couloir, il faut encore attendre, se bouscluer pour atteindre l'ouvreur qui indique la place réservée. la salle n'est pas éclairée, les numéros ne sont pas inscrits sur les sièges, trouver sa place relève du défi. alors une dispute éclate entre deux hommes qui se battent pour le même siège jusqu'au moment où l'ouvreur intervient et crie plus fort que les deux réunis.
le film commence, je me détends, la musicalité du dialecte libanais me font oublier tout ce qui a précédé. mais le vacarme de la ville semble m'avoir suivie, les commentaires forts, les rires, les réflexions, même dans une salle de cinéma, le bruit est incessant.
au mileu du film, la bande est endommagée, l'image est coupée en deux et les décibels multipliés par deux dans la salle jusqu'au moment où le tourneur ( peut-être endormi) répare la panne. ainsi, le film touche à sa fin, avant même le générique, la moitié des spectateurs ont quitté leur sièges.

je prends ensuite un autre taxi pour rejoindre des amis pour une autre séance au luxueux Grand Hayatt. le taxi me transporte dans un autre monde, sur une autre planète. la salle de cinéma est au 8ème étage, on traverse la galerie commerciale luxueuse et occidentale par des ascenseurs transparents. le prix du billet est quatre fois plus cher, la salle est trop climatisée, et sent la moquette fraiche, épaisse et propre. le film est français, les poupées russes de klapisch est succulant. en rentrant à pieds par la Corniche du Nil, nous nous faisons suivre par des petits vendeurs de kleenex, des enfants qui mendient pour leurs parents. nous sortons d'un hôtel de luxe, les questions sur l'amour posées par le film semblent bien loin.
j'aurai aimé m'arrêter avec l'un de ces petits enfants, lui raconter le film lui offrir une séance privée, en direct.
malheureusement, ces enfants ne franchiront jamais les portes d'aucun de ces hôtels luxueux installés sur les rives du Nil.
malheureusement, jamais non plus il n'auront la chance d'aller à une séance et d'embêter une voisine étrangère. je comprends alors qu'il ne faut pas s'arrêter sur toutes les imperfections de la première séance, mais s'efforcer de penser que finalement, elle a le mérite d'exister cette séance. la réflexion, le rêve, l'émotion, le voyage ont été permis. le temps d'un film, les fenêtres de la connaissance se sont ouvertes à des personnes qui vivent dans un monde trop sombre, un monde qui a besoin de lumière, entre autres des rayons de la culture.

Friday, December 02, 2005

rêve ou réalité?

j' ai beau me dire que nous sommes aujourd'hui le 2 décembre, je n'y crois pas.
en arabe, fête, "id, sous entend quelque chose qui se répète, qui revient.
cette année, après 19 années de fidélité, noël n'est pas revenu. cette année, noël m'a abandonné.

le calendrier de l'avant à disparu pour le calendrier hégirien.
les chants de noël sont devenus des appels à la prière.
les bonnes fêtes qui scintillaient sur la place de l 'Eglise ont été traduits pas des ma cha allah, bism illah ar rahman ar rahim, la qouwwa illa la, allahu akbar.
les guirlandes scintillantes et les les décorations lumineuses des grands magasins ne m'ont font plus rêver, j'aurai du écouter papa quand il me disait que tout ça n'est que futilité, la preuve, elles ont disparu.
les chocolats ont soudainement pris la forme des fruits que l'on ne trouve que chez Fauchon à cette époque: goyaves, mangues, dattes, fraises...
le père noel a perdu son costume rouge et blanc et devient "Baba Moubarak", notre pésident.
le froid et le vent me donnent chaud cette année, je porte des jupes et des t-shirt au lieu des écharpes et des manteaux douillets.
le sapin n'a plus d'épines, ce sont des palmes.
l' âne de la crèche est vivant, il traverse les rues tirant une charette remplie de légumes, de barsim (luzerne), ou tout simplement de passagers.
les chocolats ont été changés en "ich baladi", ce pain rustique vendu dans la rue, transporté sur des plateaux énormes, posés en équilibre sur le tête de cyclistes-acrobates.
la liste au père noël ne résume plus qu' à une liste de courses: cette année cher père noël, je voudrais des tomates, des concombres, des yaourts, du pain...
la fièvre des achats de Noël, et les questions sans fin sur quoi acheter et à qui ne m'ont pas encore envahie, je me demande seulement comment traduire cette phrase, comment expliquer l'origine de ce mot ou pourquoi ce verbe a une conjugaison aussi irrégulière.


j'essaie de me pincer, de me dire que non, ce n'est qu'un drôle de rêve.le réveil n'a pas sonné, je suis toujours dans ce drôle de monde, et Noël, cette année, n'est pas revenu.