"L'Egypte est un grand pays" nous prévient papa à chaque pas. Il est interrompu par un énième "Welcome to Egypt!" d'un attrape-touriste qui cherche à 1- regarder les jambes de la belle occidentale qui nous accompagne; 2- nous fourguer à prix d'or une horreur artisanale ou une pierre précieuse protégée; 3- restaurer l'honneur de la Nation Arabe qui, jusque là inexistante, saigne le Blanc venu salir sa terre. Papa clôt donc bien souvent son fidèle adage par un "mais les Egyptiens ne le méritent pas".
Il est vrai que les contradictions ne manquent pas de nous frapper quotidiennement. Qu'en retirerons-nous à notre retour en France? Sans doute qu'elle forment la richesse du pays. Les taxis râleurs, les marchands roublards, les guides pirates, les conducteurs de bus inconscients ne nous feront pas oublier la majesté de la rive saoudienne omniprésente depuis la station balnéaire hippie de Dahab:
La vue du Caire depuis la minaret de la stupéfiante mosquée Al-Azhar:
Le bonheur de frôler les éngymatiques pyramides de Guizeh:
Le poids de l'histoire en gravissant les sentiers rocailleux du Mont-Sïnaï:
On se dit que finalement ces moments uniques n'appartiennent qu'à ceux qui savent les apprécier.
Les "tracasseries" évoquées par les guides touristiques, le problème de l'impossible séparation de l'Islam et de l'Etat, celui aussi de la tentation radicale constituent également l'arrière plan d'un tableau de l'Egypte qui se voudrait fidèle. Nos mondes vivent sans se croiser et ne semblent voués qu'à s'entrechoquer. Nagla, courageuse, s'épuise à rétablir la justice autour de ceux qu'elles côtoient. Mais elle fait face à la naissance d'un nouvel égyptien toutes les 25 secondes, soit 1 million tous les dix mois. Sa tâche est immense, elle s'y emploie avec le bonheur qu'on lui connaît et l'énergie que l'on admire.
Tant et tant d'images, de rencontres, de petites épreuves, de souvenirs personnels ou partagés tous les quatre marqueront ce séjour, le premier en famille monoparentales. Le premier également depuis que nous sommes "grands".
L'Egype reste sans doute la patrie qui nous évoque un imaginaire le plus vaste et le plus partagé.
Nous sommes passés au musée du Caire, sous les coupoles de la mosquée Mohamed Ali, sur les traces de Naguib Mahfouz, parmi les poissons de la Mer Rouge, au club "Grec" de l'intelligensia égyptienne, à l'After Eight, boîte de nuit connue jusqu'en Israël et où chacun se lève pour saluer l'arrivée de notre clubbeuse internationale.
Nous sommes restés ébahis devant la grâce des soufis derviches tourneurs, reposés en felouk le long du Nil, inquiétés et amusés d'un voyage de huit heures en mini-bus "comme les bédouins" (19 passagers, 14 places!), insurgés contre le boycott des produits danois, mais toujours ravis de rentrer chez Najla, dans son incroyable appartement.
L'Egypte... est un grand pays...
mais...
merci Nagla!
Papa, Tanios et Pablo