Thursday, March 30, 2006
une bouffée d oxygène
de retour après une pause cairote, une semaine passée à explorer la région du canal de suez.
je repense à l'athmopshère si particulière d 'Ismaïlia à ses maisons colionales, où les ingénieurs français de la canal habitaient, à ses palmiers, à sa ballade le long du canal, à la plage, à ses rues pleines de monde qui marchent, pour le plaisir, à ses pêcheurs le long de la route qui vendent leurs poissons encore vivants dans des caisses pleines d' eau, à cet air iodé qui pique le nez, à la gentillesse des gens.
je pense aussi à port saïd, et à port fouad, au train entre ismaïlia et port saïd, la ligne de chemin de fer qui longe le canal et les marais salants. le concert auquel nous avons assisté à port fouad fera partie de mes beaux souvenirs dans la région. un groupe de musiciens-grand père, avec autant d'énergie que M en concert et un déhanché qui ferait rougir Nancy Ajram. leur sourire permanent, et les spectateurs qui en redemandent. il y a eu aussi cette excursion sur un lac. une traversée de trois heures sur une navette qui remorque jusqu'à 15 barques de pêcheurs, des barques sans moteur mais équipées d'une chicha et d une réchaud pour le thé. des paysages insolites de maisons sur le lac, au milieu de nul part. l'arrivée dans le petit village et mon mal de crâne après une traversée à se faire observer par des pêcheurs qui se demandent d'où on vient, et pourquoi on est là. et le retour à port saïd après avoir attendant dans le bus trois quarts d' heure qu'il se remplisse.
nous avons fini notre circuit par alexandrie, où les ballades sur la corniche, les visites, la bibliothèque, les restau de poissons, les flaneries dans la ville parmi les alexandrins m'ont fait oublier le bruit, le gigantisme et la pollution du caire.
l'egypte est un vieux, vaste et beau pays.
je repense à l'athmopshère si particulière d 'Ismaïlia à ses maisons colionales, où les ingénieurs français de la canal habitaient, à ses palmiers, à sa ballade le long du canal, à la plage, à ses rues pleines de monde qui marchent, pour le plaisir, à ses pêcheurs le long de la route qui vendent leurs poissons encore vivants dans des caisses pleines d' eau, à cet air iodé qui pique le nez, à la gentillesse des gens.
je pense aussi à port saïd, et à port fouad, au train entre ismaïlia et port saïd, la ligne de chemin de fer qui longe le canal et les marais salants. le concert auquel nous avons assisté à port fouad fera partie de mes beaux souvenirs dans la région. un groupe de musiciens-grand père, avec autant d'énergie que M en concert et un déhanché qui ferait rougir Nancy Ajram. leur sourire permanent, et les spectateurs qui en redemandent. il y a eu aussi cette excursion sur un lac. une traversée de trois heures sur une navette qui remorque jusqu'à 15 barques de pêcheurs, des barques sans moteur mais équipées d'une chicha et d une réchaud pour le thé. des paysages insolites de maisons sur le lac, au milieu de nul part. l'arrivée dans le petit village et mon mal de crâne après une traversée à se faire observer par des pêcheurs qui se demandent d'où on vient, et pourquoi on est là. et le retour à port saïd après avoir attendant dans le bus trois quarts d' heure qu'il se remplisse.
nous avons fini notre circuit par alexandrie, où les ballades sur la corniche, les visites, la bibliothèque, les restau de poissons, les flaneries dans la ville parmi les alexandrins m'ont fait oublier le bruit, le gigantisme et la pollution du caire.
l'egypte est un vieux, vaste et beau pays.
Monday, March 13, 2006
les réactions qu' ont suscité mon dernier écrit sur la fatwa et les frères de lait m'ammènent à répondre au lecteur qui n'a pas laissé son identité et qui, je l'espère lira ce qui suit.
en premier lieu, je tiens à préciser que je sais que je suis une étrangère dans ce pays et que les habitants me considéreront toujours comme une étrangère. à chaque fois que je prends le taxi et que le chauffeur me demande d'où je viens, qu'un homme m'interpelle dans la rue avec un "welcome to egypt" ou avec un "you are beautiful", ou encore pire, qu'il se contente de regarder seulement mes fesses ou ma poitrine avec un sourire pervers, je suis consciente que ce mot si lourd, étrangère, est tatoué sur mon front. à chaque fois, je pense à ces étrangers que je croisais dans le métro ou dans la rue, qui semblaient évoluer dans une ville et se créer leurs propres repères dans l' anonymat et l'indifférence la plus totale des parisiens. souvent je me dis que cette année, au caire, l' étrangère, c'est moi. merci Monsieur l' Anonyme, de me le rappeler encore une fois, cela doit être la cinquième fois de la journée que je m'en rends compte.
pour ce qui est de juger et de donner un sens à des choses qui [me] dépassent, je ne crois pas en avoir la prétention, malgrès le jugement que VOUS avez porté sur moi. je me contente de décrire ce que je vois avec mes yeux d' étrangère. j'essaie de comprendre tant que je peux ces choses sans qu'elles me dépassent, de voir ce qui, d'une société à une autre diffère. ces différences sont dues au poids de l' histoire et de la tradition, comme vous le dites.
et si on parlait de l'Histoire?
l' Histoire, dans le sens logique que l'on connait tend vers le développement, et surtout le développement culturel et intellectuel. j'ai beau lire, discuter avec les rares égytptiens que je connaisse, j'ai l'impression que l'Histoire, ici, aime à aller dans le sens inverse, je ne parlerai pas de régression, que l'on ne me prête pas des jugements qui ne sont pas les miens.
les images de l'Egypte il y a quelques décennies, que les gens et mes lectures me livrent sont celles d'une Egypte ouverte, heureuse, où la culture et l'art connaissaient une certaine gloire, et aussi celle que l'on m'évoque quand on me parle par exemple des filles des années 50-60, à Alexandrie ou au Caire, jambes nues, souriantes, dans les café et les boites du nuit. aujourd'hui, les artistes sont à l'étranger ou dans des cafés poussiéreux qui gardent comme ils peuvent les souvenirs du passé, et les filles dans leur maison.
parfois, ici aussi, l'Histoire semble se figer, elle ne recule ni n'avance, ignorant que les gens qui font l'Histoire, eux changent. imaginez une grande blibliothèque, en forme de pyramide, comme celles que l'on voit à Guiza. au socle, beaucoup de livres, au sommet, un seul. plus le livre est bas, plus le lecteur peut l'atteindre, plus il est haut, plus il faut faire un effort, se mettre sur la pointe des pieds, s'élever, tirer le bras, et moins on le lit, plus il prend la poussière. ainsi, la langue arabe parlée dans la rue, celle de la majorité n'est pas celle que mes profs parlent, ni celle que parle les religieux, ni celle du Coran. le Coran a été traduit en français, en espagnol, en anglais, mais pas en égyptien. les gens changent, les mots changent, et l'Histoire ignore ces changements. des intellectuels se battent pour la réforme de la langue arabe tandis que les grammairiens des académies de Tunis, du Caire ou de Beyrouth, inventent des mots pour "téléphone", "ascenseur", "sandwich", des mots que personne n'utilisera ou même n'entendera parler. ce n'est pas ma superficialité ni ma culture d' étrangère qui me font me poser ces questions, mais des sujets que les sociétés arabes devrait appréhender et ne pas laisser quelques groupes d'intellectuels, ni superficiels, ni étrangers, mais arabes, y réfléchir.
moi qui essaie de vivre la langue, puisque j'estime que je ne l'apprends pas, mais que je la sens, la touche, la goûte et l'entends, ces choses que j'écris, sont essentielles, et je n'arrêterai pas, après cinq mois de vie au Caire de les consigner sur ce blog. mon amour pour la langue arabe, et pour sa culture, si étonnante et si riche est trop grand. trop grand pour avoir poussé une pauvre petite occidentale, à venir vivre le monde arabe un an, dans une ville aux dimensions surhumaines et à supporter, dans sa vie quotidienne des atteintes à son identité, sa féminité, sa jeunesse et à ses idéaux.
en premier lieu, je tiens à préciser que je sais que je suis une étrangère dans ce pays et que les habitants me considéreront toujours comme une étrangère. à chaque fois que je prends le taxi et que le chauffeur me demande d'où je viens, qu'un homme m'interpelle dans la rue avec un "welcome to egypt" ou avec un "you are beautiful", ou encore pire, qu'il se contente de regarder seulement mes fesses ou ma poitrine avec un sourire pervers, je suis consciente que ce mot si lourd, étrangère, est tatoué sur mon front. à chaque fois, je pense à ces étrangers que je croisais dans le métro ou dans la rue, qui semblaient évoluer dans une ville et se créer leurs propres repères dans l' anonymat et l'indifférence la plus totale des parisiens. souvent je me dis que cette année, au caire, l' étrangère, c'est moi. merci Monsieur l' Anonyme, de me le rappeler encore une fois, cela doit être la cinquième fois de la journée que je m'en rends compte.
pour ce qui est de juger et de donner un sens à des choses qui [me] dépassent, je ne crois pas en avoir la prétention, malgrès le jugement que VOUS avez porté sur moi. je me contente de décrire ce que je vois avec mes yeux d' étrangère. j'essaie de comprendre tant que je peux ces choses sans qu'elles me dépassent, de voir ce qui, d'une société à une autre diffère. ces différences sont dues au poids de l' histoire et de la tradition, comme vous le dites.
et si on parlait de l'Histoire?
l' Histoire, dans le sens logique que l'on connait tend vers le développement, et surtout le développement culturel et intellectuel. j'ai beau lire, discuter avec les rares égytptiens que je connaisse, j'ai l'impression que l'Histoire, ici, aime à aller dans le sens inverse, je ne parlerai pas de régression, que l'on ne me prête pas des jugements qui ne sont pas les miens.
les images de l'Egypte il y a quelques décennies, que les gens et mes lectures me livrent sont celles d'une Egypte ouverte, heureuse, où la culture et l'art connaissaient une certaine gloire, et aussi celle que l'on m'évoque quand on me parle par exemple des filles des années 50-60, à Alexandrie ou au Caire, jambes nues, souriantes, dans les café et les boites du nuit. aujourd'hui, les artistes sont à l'étranger ou dans des cafés poussiéreux qui gardent comme ils peuvent les souvenirs du passé, et les filles dans leur maison.
parfois, ici aussi, l'Histoire semble se figer, elle ne recule ni n'avance, ignorant que les gens qui font l'Histoire, eux changent. imaginez une grande blibliothèque, en forme de pyramide, comme celles que l'on voit à Guiza. au socle, beaucoup de livres, au sommet, un seul. plus le livre est bas, plus le lecteur peut l'atteindre, plus il est haut, plus il faut faire un effort, se mettre sur la pointe des pieds, s'élever, tirer le bras, et moins on le lit, plus il prend la poussière. ainsi, la langue arabe parlée dans la rue, celle de la majorité n'est pas celle que mes profs parlent, ni celle que parle les religieux, ni celle du Coran. le Coran a été traduit en français, en espagnol, en anglais, mais pas en égyptien. les gens changent, les mots changent, et l'Histoire ignore ces changements. des intellectuels se battent pour la réforme de la langue arabe tandis que les grammairiens des académies de Tunis, du Caire ou de Beyrouth, inventent des mots pour "téléphone", "ascenseur", "sandwich", des mots que personne n'utilisera ou même n'entendera parler. ce n'est pas ma superficialité ni ma culture d' étrangère qui me font me poser ces questions, mais des sujets que les sociétés arabes devrait appréhender et ne pas laisser quelques groupes d'intellectuels, ni superficiels, ni étrangers, mais arabes, y réfléchir.
moi qui essaie de vivre la langue, puisque j'estime que je ne l'apprends pas, mais que je la sens, la touche, la goûte et l'entends, ces choses que j'écris, sont essentielles, et je n'arrêterai pas, après cinq mois de vie au Caire de les consigner sur ce blog. mon amour pour la langue arabe, et pour sa culture, si étonnante et si riche est trop grand. trop grand pour avoir poussé une pauvre petite occidentale, à venir vivre le monde arabe un an, dans une ville aux dimensions surhumaines et à supporter, dans sa vie quotidienne des atteintes à son identité, sa féminité, sa jeunesse et à ses idéaux.
Wednesday, March 01, 2006
frères nourriciers
certaines lectures du Coran interdisent aux femmes de travailler avec des hommes. il est difficile de nos jours de respecter cette prescription coranique, ainsi un mufti intelligent a troué une solution, nous l'en remercions tous, grâce à lui et grâce à dieu, on ne vas pas toutes finir au foyer à attendre que rentrent nos maris et nos enfants de leur journée. pour pouvoir travailler aux côtés d'un homme il suffit qu'il soit mon fère de lait, d'après ce mufti dont le nom ne vaut pas la peine d'être donné ici. il oblige alors, aux femmes qui travaillent avec des hommes...de les allaiter, comme ça, tout soupçon est levé. le directeur du deac n'a plus qu'à se réjouir à l'idée de téter toutes profs, et au passage d'agrandir sa famille.
bouquet urbain
l'odeur des chichas pommes,
l'odeur de la patisserie crystal chaque matin,
l'odeur du koshary près du deac,
l'odeur des boutiques de café et de la cardamone,
l'odeur de l'ascenseur avant les cours,
l'odeur des pots d'échappement,
l'odeur de mon appartement,
l'odeur des magasins de jus de fruits frais,
l'odeur de ma chambre quand j'allume ma bougie de chez colette,
l'odeur du tailleur Georges, celle des boules contre les mites,
l'odeur du souq de Bab el Louq,
l'odeur des poulets, de la boue et de la saleté,
l'odeur des magasins de jus de fruits frais quand il fait chaud,
l'odeur des épices,
l'odeur du Huriyya, le tabac froid,
l'odeur des falafels à toute heure du jour et de la nuit,
l'odeur de la pollution qui pique le nez,
l'odeur des épiceries, toujours ouvertes,
l'odeur des toilettes du café Zahret el Boustan,
l'odeur de mon gel douche,
l'odeur de l'institut de beauté,
l'odeur des journaux midane Tahrir,
l'odeur des cacahuètes grillées chez el Abd,
toutes des odeurs présentes au quotidien depuis cinq mois et auxquelles je me suis habituée.
l'odeur de la patisserie crystal chaque matin,
l'odeur du koshary près du deac,
l'odeur des boutiques de café et de la cardamone,
l'odeur de l'ascenseur avant les cours,
l'odeur des pots d'échappement,
l'odeur de mon appartement,
l'odeur des magasins de jus de fruits frais,
l'odeur de ma chambre quand j'allume ma bougie de chez colette,
l'odeur du tailleur Georges, celle des boules contre les mites,
l'odeur du souq de Bab el Louq,
l'odeur des poulets, de la boue et de la saleté,
l'odeur des magasins de jus de fruits frais quand il fait chaud,
l'odeur des épices,
l'odeur du Huriyya, le tabac froid,
l'odeur des falafels à toute heure du jour et de la nuit,
l'odeur de la pollution qui pique le nez,
l'odeur des épiceries, toujours ouvertes,
l'odeur des toilettes du café Zahret el Boustan,
l'odeur de mon gel douche,
l'odeur de l'institut de beauté,
l'odeur des journaux midane Tahrir,
l'odeur des cacahuètes grillées chez el Abd,
toutes des odeurs présentes au quotidien depuis cinq mois et auxquelles je me suis habituée.